Le marché du coliving, en pleine expansion, est confronté à de nombreux défis législatifs qui façonnent son évolution. Comment les acteurs du secteur s’adaptent-ils à ces contraintes et quelles sont les perspectives d’avenir ? Focus sur un phénomène en plein essor.
Le coliving, une réponse aux nouveaux besoins en matière de logement
Face à la crise du logement, notamment dans les grandes villes, le coliving apparaît comme une solution innovante pour répondre aux besoins des citadins en quête de flexibilité et de convivialité. Ce mode d’habitat partagé permet de mutualiser les espaces communs (salon, cuisine, etc.) tout en disposant d’un espace privatif (chambre, salle de bain), offrant ainsi un compromis entre vie privée et vie communautaire.
Cette nouvelle forme d’habitat séduit particulièrement les jeunes actifs, étudiants et entrepreneurs, qui recherchent des solutions d’hébergement adaptées à leurs besoins spécifiques : mobilité géographique, réduction des coûts, services inclus (WiFi, ménage), etc. Le marché du coliving connaît donc une forte croissance ces dernières années, avec l’émergence de nombreuses startups dédiées à ce secteur.
Des régulations multiples pour encadrer le développement du coliving
Néanmoins, cette croissance rapide soulève de nombreuses questions en matière de législation et d’urbanisme. En effet, le coliving doit se conformer à des régulations diverses, tant au niveau local que national, qui impactent son développement.
En France, par exemple, le coliving est soumis à la loi ALUR (Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) qui encadre les locations meublées et les résidences étudiantes. Cette loi prévoit notamment des normes strictes concernant la surface minimale des logements, les conditions d’accès aux locaux communs et la durée minimale des baux. Ainsi, pour être en conformité avec cette législation, les opérateurs de coliving doivent adapter leur offre et leur modèle économique.
Au-delà des régulations nationales, chaque ville peut également imposer ses propres règles en matière d’urbanisme et de logement. Par exemple, certaines municipalités limitent le nombre de résidents autorisés dans une même habitation ou imposent des quotas de logements sociaux dans les projets immobiliers. Ces contraintes locales peuvent varier d’une ville à l’autre, compliquant ainsi le déploiement du coliving sur l’ensemble du territoire.
Les acteurs du coliving face aux défis législatifs
Conscients de ces enjeux, les opérateurs de coliving cherchent à s’adapter aux différentes législations en vigueur afin de pérenniser leur activité. Plusieurs stratégies sont ainsi mises en place :
- Le lobbying : certains acteurs du coliving militent pour assouplir certaines régulations, jugées trop contraignantes et inadaptées à la réalité de ce nouveau marché. Par exemple, la startup française Colonies a lancé une pétition en 2019 pour demander une révision de la loi ALUR, avec le soutien d’autres acteurs du secteur.
- La diversification : pour contourner les contraintes législatives, certains opérateurs choisissent d’élargir leur offre en proposant des solutions d’hébergement complémentaires, telles que des résidences étudiantes ou des appartements meublés.
- La coopération : afin de faciliter le dialogue avec les autorités locales et nationales, certains opérateurs de coliving choisissent de s’associer à des partenaires institutionnels (bailleurs sociaux, collectivités territoriales) pour co-construire des projets immobiliers respectueux des régulations en vigueur.
Des perspectives d’évolution pour adapter la législation au coliving
Face à ces défis, plusieurs pistes sont envisagées pour faire évoluer la législation en faveur du coliving :
- La création d’un statut spécifique : certains experts plaident pour la création d’un statut juridique dédié au coliving, qui permettrait de clarifier les règles applicables à ce nouveau marché et d’encourager son développement. Cette solution pourrait s’inspirer du modèle britannique qui reconnaît le coliving comme un type de logement à part entière.
- L’assouplissement des normes : pour faciliter l’implantation du coliving, il est également envisagé d’assouplir certaines normes en matière de surface minimale des logements ou de durée minimale des baux. Cette mesure pourrait permettre aux opérateurs de coliving de proposer des offres plus flexibles et adaptées aux besoins des résidents.
- La coopération entre acteurs publics et privés : enfin, les pouvoirs publics pourraient encourager le développement du coliving en soutenant financièrement les projets immobiliers intégrant ce type d’habitat, notamment dans le cadre de la politique de logement social.
Ainsi, malgré les contraintes législatives actuelles, le marché du coliving semble disposer d’un potentiel important et constitue un enjeu majeur pour répondre aux défis du logement dans les années à venir. Il appartient désormais aux acteurs du secteur et aux pouvoirs publics de coopérer pour adapter la législation à cette nouvelle réalité et favoriser l’émergence d’une offre diversifiée et pérenne.